Cette fois, j’ai eu de la veine. J’ai trouvé à Paris de la viande de chevreau de lait (le petit de la chèvre) pour mon repas de Pâques ! Pendant plusieurs années, j’ai cherché la perle rare, tandis que les bouchers – et mon entourage français – me regardaient avec un mélange de perplexité et de condescendance, du genre : »ahhh, ces Ritals et leurs lubies ». Mais au lieu de rire, réfléchissez…avez-vous jamais mangé – en plus des fromages – de la viande caprine ? Le goût est presque le même que celui de l’agneau, mais il est plus parfumé, moins gras, peu riche en acides gras saturés et en cholesterol. Il est vrai que la tradition chrétienne n’a pas aidé la diffusion de cette pratique alimentaire. Lorsque l’évangéliste Matthieu (25, 31-46) disait « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire…il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres : il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche », il préparait en quelque sorte le terrain aux dogmes du Moyen Age : le gauche est le côté du diable, comme le bouc est son animal fétiche.
D’ailleurs, si vous souhaitez être totalement punk, vous pouvez aussi choisir de ne pas déguster du chevreau le seul jour de Pâques. Car n’en déplaise aux traditionalistes, même la date de la fête est interprétable, puisqu’elle est calée sur des calculs (douteux) établis entre le IVe et le VIe siècle et est encore l’objet de débat de nos jours. Mieux vaut se replier sur des valeurs sûres comme les recettes de cuisine.
Préparez donc la chapelure de pain, en y ajoutant de l’huile extra vierge d’olive, de la sauge, et de l’ail coupé en fines lamelles.
Après quoi, coupez en morceaux (pas trop petits) la viande, les pommes de terres, et l’oignon (même en julienne, si vous le voulez). Mélangez le tout dans un plat à four (avec peut-être du papier sulfurisé), arrosez avec quelques gouttes d’eau, salez et poivrez, recouvrez avec du papier aluminium, et mettez au four (pré-chauffé à 200°). Laissez cuire pendant environ quarante minutes.
Meanwhile, vous aurez le temps de laver et de couper des tomates cerises, variété Pachino, il y en a des vraies, siciliennes, sur les marchés. Laissez tomber celles d’Espagne voire de Bretagne, pleines de flotte. Il faut du jus pour un plat savoureux comme celui-ci. Le moment venu, sortez le plat du four, enlevez le papier aluminium, ajoutez la chapelure, les tomates, quelques branches de romarin, mélangez et rémettez au four le plat, pour encore une heure environ. Mettez-vous à table, servez chaud et… n’hésitez pas à piquer dans la viande de votre main gauche à l’aide d’une fourche(tte). Taquiner le diable à Pâques, donne du piquant au plat et à la conversation.
Avant que d’autres tentations ne vous détournent de ce blog, deux mots sur le vin. J’aime beaucoup Il Falcone di Castel del Monte A.O.C. Riserva. Un rouge, 70% nero di Troia et 30 % Montepulciano, affiné en fûts de chêne français.
Ingrédients pour 4 personnes :
1,200 gr. de viande de chevreau
1 kg de pommes de terre
200 gr. de tomates Pachino
sel, poivre, chapelure, sauge, huile d’olive extra vierge, romarin